Les influences de l'art africain sur divers artistes et mouvements à travers l'histoire racontent des histoires fascinantes d'échanges culturels, de vol, d'hommage et de colonialisme. Dans cette série d'articles, Inspired by Africa, nous évaluons les façons dont certains des artistes les plus célèbres du monde ont emprunté à l'art africain pour créer certains de leurs chefs-d'œuvre. Pour la troisième installation de cette série, nous passons en revue les œuvres d'Henri Matisse et les pays africains dont il s'est inspiré.
Henri Matisse photographié par Alvin Langdon Coburn (1913)
On a souvent dit qu'une interaction entre Henri Matisse et Pablo Picasso transforma le cours de l'histoire de l'art moderne: en 1906, Matisse montra à Picasso une petite statue africaine lors d'un des salons de Gertrude Stein. Cette sculpture était une figure de Vili de la République démocratique du Congo, que Matisse avait trouvée dans un magasin de bric-à-brack dans les rues de Paris. [1] Au début du XXe siècle, de nombreux objets similaires - masques, sculptures, tissus, reliques - ont été amenés d'Afrique en France en raison de l'activité coloniale. Ces objets, qui sont maintenant conservés et protégés dans les grands musées du monde entier, avaient si peu de valeur à l'époque qu'ils se retrouvaient souvent dans les prêteurs sur gages et les magasins de curiosités. Cependant, cet achat a changé la vision artistique de Matisse et a par conséquent influencé les artistes de l’École de Paris au début des années 1900.
Vili, de la République démocratique du Congo
À cette époque, en 1912-1913, Matisse avait également fait un voyage en Afrique du Nord et commença à s'inspirer des divers motifs, couleurs et formes qu'il y trouva. Sa visite l’amena à explorer le sujet de l’Odalisque dans ses peintures alors qu’il suit la tendance en France qui consistait à fantasmer et à érotiser sur le harem. Il propageait ainsi un stéréotype des femmes nord-africaines selon lesquels ce des êtres licencieuses qui se souciaient plus du désirs de la chair que des principes supérieurs ou de l'enseignement. Dans l’histoire de l’orientalisme, ce stéréotype a été construit pendant l’occupation napoléonienne de l’Afrique du Nord afin de différencier la région connue sous le nom d ’« Orient » comme exotique et moins civilisée. Odalisque avec tambourin (harmonie en bleu) et Odalisque (harmonie en rouge), toutes deux peintes en 1926, ne sont que quelques-uns des résultats du voyage de Matisse. Les couleurs vives, les motifs et les géométries en arrière-plan, et les vêtements diaphanes et vaporeux des femmes du harem représentées, provenaient simultanément de ce que Matisse a vu en Afrique du Nord, et de ce qu'il souhaitait projeter de sa fantaisie.
Matisse, Odalisque au tambourin (Harmonie en bleu) (1926), huile sur toile, 92,1 x 65,1 cm | © 2017 Succession H.Matisse / Société des droits des artistes (ARS)
Une autre caractéristique d’inspiration africaine de premier plan dans certaines des œuvres de Matisse résulte de l’acquisition de tissus Kuba du Congo (aujourd'hui République Démocratique du Congo). Ces riches tissus à motifs en zigzag font une apparition dans des œuvres telles que 'Intérieur Rouge, nature morte sur table bleu'(1942). [2] Dans d'autres œuvres, Matisse a modifié les traits du visage de ses sujets pour apparaître plus comme un masque (comme l'a fait Picasso) en faisant des démarcations plus fortes de l'ombre et des crêtes du visage. 'Le Jeune Marin II' (1906) et 'Femme nue debout' (1906-1907) en sont des exemples clairs.
Matisse, Le jeune marin II (1906), huile sur toile, 101,6 cm x 81,9 cm | © 2020 Succession H.Matisse / Artists Rights Society (ARS), New York
Notez les dates de chacun de ces travaux. Depuis son acquisition initiale d'une statue africaine en 1906, jusqu'à son voyage en Afrique en 1912 et au-delà, Matisse a utilisé ses inspirations du Maroc et de sa collection d'objets africains tout au long de sa carrière. De ses explorations de la femme "orientale'' tout au long des années 1920 dans sa série de peintures odalisques, à ses incorporations de lignes à motifs et de détails décoratifs d'arrière-plan dans les années 1940, et même à ses collages et découpages dans les dernières années de sa vie, les influences de l'art et du design africains ont eu un impact durable sur Matisse. Ceci, à son tour, a changé la portée de l'art moderne occidental, et a conduit à certains des mouvements artistiques les plus radicaux - fauvisme, cubisme, expressionnisme abstrait - que nous célébrons et apprécions encore aujourd'hui.
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