Les pavillons africains au cœur de la Biennale de Venise 2024

L'art africain se fait remarquer lors de la 60e édition de la Biennale de Venise, qui se déroule du 20 avril au mois de novembre 2024.
Avril 19, 2024
Les pavillons africains au cœur de la Biennale de Venise 2024

Cette année, le thème Stranieri Ovunque - Foreigners Everywhere offre une occasion profonde d'explorer les récits d'intersectionnalité culturelle, de migration et de mondialisation, tous profondément en résonance avec l'expérience africaine. Les excellentes équipes curatoriales et la sélection d'artistes jouent un rôle essentiel dans l'amplification des voix et des perspectives africaines sur la scène mondiale.

 

Pour cette 60e édition, un nombre remarquable de nations africaines font leurs débuts ou reviennent pour présenter leurs talents artistiques au monde. Dans cet article, Pavillon54 offre un aperçu exclusif de ce qui nous attend à la Biennale de Venise cette année, avec un accent particulier sur la participation inaugurale et établie des pavillons africains.

Les points abordés dans cet article comprennent:

 

  1. Les pavillons africains faisant leurs débuts à la Biennale de Venise 2024
  2. Pavillon Nigérian : Nigéria Imaginaire
  3. Réflexions résonnantes de l'Afrique du Sud : Quiet Ground
  4. Wael Shawky pour représenter le pavillon égyptien
  5. Quête visionnaire du Cameroun : Nemo Propheta in Patria
  6. Exploration de la République démocratique du Congo : LITHIUM
  7. Expression mélodique de la Côte d'Ivoire : Blue Note
  8. Voyage de reclassement culturel du Kenya : Racines du Retour
  9. Harmonie collective de l'Ouganda : NOUS SOMMES UN
  10. Conclusion

 

 

Première apparition des pavillons du Bénin, de l'Éthiopie, de la Tanzanie et du Sénégal à la Biennale de Venise 2024

Plusieurs pays africains participent à la Biennale de Venise pour la toute première fois en 2024, dont le Bénin, la Tanzanie, le Sénégal et l'Éthiopie. Leurs pavillons inauguraux offrent une fenêtre sur les riches expressions artistiques et narratives émergeant de ces nations.

 

L'exposition Everything Precious Is Fragile marque la première participation historique du Bénin, organisée par le critique d'art nigérian estimé Azu Nwagbogu. Avec des artistes comme Chloé Quenum, Romuald Hazoumè, Moufouli Bello, et Ishola Akpo, le pavillon béninois promet d'inspirer le public avec son exploration des matériaux, de la culture et de l'identité.

 

Pavillon du Bénin à la Biennale de Venise 2024. Source de l'image : OnArt Media

 

La Tanzanie rejoint la scène artistique mondiale avec une présentation immersive des artistes de la galerie Rangi, Happy Robert, Lute Mwakisopile, Haji Chilonga et Naby, explorant la relation complexe entre l'humanité et la nature à travers le prisme de la figure du "trickster". Organisée par Enrico Bittoto, ces artistes africains contemporains exploreront le concept de l'«Autre», plongeant dans la relation complexe entre l'humanité et la nature à travers l'archétype du trickster - une figure chimérique qui agit comme un médiateur entre les humains et le divin.

 

Freedom, Acrylique sur toile, Happy Robert. Avec l'aimable autorisation de la galerie Rangi et de l'artiste. 

 

Sous le thème "Bokk - Limites" et organisé par Marième Ba et Massamba Mbaye, le Sénégal fait ses débuts à la Biennale avec les peintures et installations innovantes de l'artiste Alioune Diagne, explorant des sujets cruciaux tels que le rôle des femmes, la discrimination, les préoccupations environnementales et le transfert intergénérationnel du patrimoine.

 

Alioune Diagne. Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

Le premier pavillon jamais organisé par l'Éthiopie, "Préjugés et Appartenance", présente les œuvres captivantes de Tesfaye Urgessa, peintre éthiopien basé en Allemagne, connu pour ses récits dépeignant la société africaine contemporaine et les questions d'identité, ainsi que pour son utilisation innovante d'esthétiques classiques et occidentales.

 

Tesfaye Urgessa. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et du Pavillon éthiopien.

 

Le pavillon marocain, initialement prévu pour faire ses débuts à la Biennale cette année avec son premier pavillon national, a été impliqué dans la controverse. En janvier, les trois artistes et le commissaire originellement commissionnés ont été remplacés abruptement par les autorités marocaines, entraînant le retrait du pays d'un pavillon national entièrement.

 

Voix établies

Aux côtés de ces nouveaux venus, plusieurs nations africaines avec une histoire de participation reviennent à la Biennale de Venise, enrichissant davantage le discours mondial sur l'art contemporain.

 

 

Le Nigéria fait un retour puissant à la Biennale de Venise

Pour sa deuxième participation à la Biennale de Venise, le Nigéria présente une exposition ambitieuse et multiforme intitulée "Nigeria Imaginary." Organisée par Aindrea Emelife du Musée de l'Art de l'Afrique de l'Ouest (MOWAA), le pavillon réunit un groupe intergénérationnel de huit artistes nigérians de renom, tant du pays que de la diaspora : Tunji Adeniyi-Jones, Ndidi Dike, Onyeka Igwe, Toyin Ojih Odutola, Abraham Oghobase, Precious Okoyomon, Yinka Shonibare CBE RA, et Fatimah Tuggar.

À travers une gamme de médiums et de perspectives, leurs œuvres spécialement commandées et spécifiques au lieu explorent les complexités et les rêves de l'expérience nigériane.

 

 Yinka Shonibare CBE RA, Monument To The Restitution Of The Mind And Soul, 2023

 

Selon Emelife, Nigeria Imaginary évoque l'esprit du pionnier Mbari Club, un centre d'activités culturelles interdisciplinaires post-indépendance animé par la croyance que l'art était un "devoir envers la nation." Le pavillon réimagine cet ethos à travers le prisme d'une nouvelle génération d'artistes explorant les imaginaires passés, présents et futurs du Nigeria.

 

 

Réflexions résonnantes de l'Afrique du Sud : Quiet Ground

Pour sa 7e participation, l'Afrique du Sud présente "Quiet Ground" organisée par Portia Malatjie pour l'Institut de Réparation Créative. Elle mettra en vedette l'installation sonore Dinokana (2024) du collectif MADEYOULOOK (Molemo Moiloa et Nare Mokgotho), commandée spécifiquement pour la Biennale. Ce travail met en lumière les histoires de migration forcée et de dépossession foncière en Afrique du Sud, s'inscrivant dans le thème "Étrangers Partout" (Stranieri Ovunque) de l'exposition globale de la Biennale. L'installation explore comment les personnes dépossédées renouent avec la terre par le biais de la réinstallation et de la réhabilitation ancrées dans les connaissances indigènes.

 

 Installation Dinokana. Avec l'aimable autorisation du collectif MADEYOULOOK 

 

 

Les domaines narratifs de Wael Shawky représentant le pavillon égyptien

Le pavillon égyptien promet d'être remarquable, avec l'artiste renommé Wael Shawky représentant le pays. Présenté par Lisson Gallery, Barakat Contemporary, Galleria Lia Rumma, et Sfeir-Semler Gallery, la pratique multimédia de Shawky basée sur la recherche s'étend du film à la performance, en passant par la peinture et la sculpture. Son travail explore les notions d'identité nationale, religieuse et artistique, racontant des histoires qui entrelacent fait, fiction et fable, inspirées par des références historiographiques et littéraires.

 

Wael Shawky. Source de l'image : Lisson Gallery

 

 

Quête visionnaire du Cameroun : Nemo Propheta in Patria

Le Cameroun participe sous "Nemo Propheta in Patria", mettant en vedette des artistes tels que Jean Michel Dissake, Hako Hankson, et Kendji & Ollo Arts au Palazzo Donà delle Rose, organisé par Serge Achille Ndouma, Paul Emmanuel Loga Mahop et Sandro Orlandi Stagl.

La maxime latine "Nemo propheta in patria" (Personne n'est prophète en son pays) met en lumière la plaie omniprésente de ceux dont la brillance trouve une plus grande appréciation à l'étranger que chez eux, au sein de leurs propres communautés.

 

Hako Hankson, Jour de célébration (2023). Source de l'image : Galerie Primo Marella

 

Il est important de mentionner que le Pavillon de la République du Cameroun ouvre la voie en étant le premier à élaborer une exposition à Bilan Carbone Net Zéro à la Biennale de Venise, entrelaçant deux stratégies audacieuses : la mise en œuvre de politiques de réduction des émissions et l'adoption du recyclage des matériaux tout au long de la présentation.

 

 

Exploration de la République démocratique du Congo : LITHIUM

Alors que le collectif congolais ‘Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation Congolaise (CATPC)’ représente les Pays-Bas, le Pavillon de la République démocratique du Congo (DMC) est prêt à dévoiler sa propre exposition sous le thème "LITHIUM". Organisée par Joseph Ibongo Gilungula, Michele Gervasuti, et James Putnam, le pavillon présente les pratiques artistiques de Aimé Mpane, Eddy Kamuanga Ilunga, Eddy Ekete, Jean Katambayi Mukendi, Cédric Sungo, Steve Bandoma, Eléonore Hellio, et Michel Ekeba du collectif Kongo Astronauts à la Fondation Gervasuti (Palazzo Canova, Cannaregio).

 

Portraits d'artistes. Avec l'aimable autorisation des artistes et onart media 

 

 

Expression mélodique de la Côte d'Ivoire : Blue Note

Le pavillon de la Côte d'Ivoire, intitulé "Blue Note" et dirigé par Illa Ginette Donwahi et Simon Njami au Centro Culturale Don Orione Artigianelli – Dorsoduro 947, présente les initiatives artistiques de Jems Koko Bi, François Xavier Gbré, Sadikou Oukpedjo, Franck Abd-Bakar Fanny, et Marie Claire Messouma.

 

 

Voyage de reclassement culturel du Kenya : Racines du Retour

Le Kenya se joint au sommet essentiel de l'art contemporain international avec son pavillon intitulé "Racines du Retour", organisé par Milka Mugo et Edward Mwaura Ndekere. Le pavillon met en vedette les artistes Elkana Ong’esa, Gerald Oroo Motondi, Robin Okeyo Mbera, John Tabule Abuya Ogao, Peter Kenyanya Oendo, et Charles Duke Kombo.

 

 

Harmonie collective de l'Ouganda : NOUS SOMMES UN

Le Pavillon de l'Ouganda invite les visiteurs à plonger dans une exposition collective, organisée par Acaye Kerunen, qui abat les barrières entravant les artistes et artisans dans leur entrée dans le monde de l'art. Intitulée WAN ACEL | TULIBAMU | TURIBAMWE | WE ARE ONE, l'exposition présente les œuvres de cinq artistes individuels et d'un collectif de vingt-six tisserands. À travers une gamme de médiums tels que l'écorce de bananier, le bambou asper noir, les perles en papier, les fibres naturelles, les installations vidéo et sonores, le pavillon offre une expérience riche et diversifiée. Célébrant l'interconnexion de la sculpture, de l'architecture, de la matérialité et du savoir-faire, il présente un récit nuancé qui dévoile l'essence du lieu dans son contexte temporel.

 

The Artisan Weavers Collective, Source de l'image : Galerie Blum

 

 

Conclusion

Du début des pavillons du Bénin, de l'Éthiopie, de la Tanzanie et du Sénégal au retour des voix établies comme le Nigéria et l'Afrique du Sud, la présence africaine à la Biennale est à la fois diversifiée et dynamique. Chaque pavillon offre un regard unique sur les complexités de l'identité, de l'héritage et de l'innovation africains.

 

Les pavillons africains à la Biennale de Venise célèbrent non seulement l'héritage artistique du continent, mais ouvrent également la voie à un dialogue et à un échange mondial significatifs. À travers le pouvoir transformateur de l'art, les pavillons africains à la Biennale de Venise illustrent la capacité à transcender les frontières et à favoriser des connexions, offrant une célébration collective de la créativité et de la diversité.

 

De Letizia Spadea

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