À la rencontre de Greatjoy, un “expressionniste contemporain”

SÉRIE “ARTISTS SPOTLIGHT” – En conversation avec l’artiste
Juin 18, 2021
© Greatjoy dans son studio en Afrique du Sud, 2021
© Greatjoy dans son studio en Afrique du Sud, 2021

Pavillon 54 a eu la chance de s'entretenir avec Greatjoy Ndlovu: né en 1993, Greatjoy est un artiste visuel zimbabwéen qui vit et travaille à Johannesburg, en Afrique du Sud. Greatjoy est l'un des artistes émergents les plus intéressants de la scène sud-africaine. Ses peintures dynamiques sont enrichies par des coups de pinceau expressifs, des dessins au graphite et des éclaboussures de couleur. Son sujet est principalement axé sur les êtres humains : leur corps, leur comportement et leurs émotions. Au cours de l'année écoulée, Greatjoy a exploré l'impact de la pandémie sur les êtres humains, sur la société et sur les émotions, et a créé une série d'œuvres, disponibles sur Pavillon 54, portant sur des sujets tels que l'amour, l'affection et la famille.





© Greatjoy ‘Harmony 2’ (2021) -  Peinture à l'huile et fusain sur toile ,111 x 105 cm.

 

  1. Comment as-tu sélectionné la série de travaux disponibles sur Pavillon?

 

Avec ce corps de travail, j'explore les concepts d'amour, de famille et d'unité. C'est pourquoi il y a beaucoup de rouge dans les pièces. J'explore toujours le concept d'affection car je pense que c'est ce dont le monde a besoin, en particulier en ce moment. J'ai travaillé sur ces trois œuvres pour la plateforme parce que c'est ce que je voulais exposer. Dans mon travail, l'aspect le plus important est l'essence de l'humain, l'émotion, c'est quelque chose qui me passionne. Je ne suis pas le genre de personne qui se focalise beaucoup sur l'identité, j’ai tendance à me concentrer sur l'essence de l'être humain parce que je pense que le monde a été secoué par tellement de commotions on a une histoire folle derrière nous, et je pense qu'il y a quand même une possibilité de célébrer ce que nous avons, et de mettre nos compétences en pratique et les canaliser pour le meilleur. Je veux que les gens ressentent, qu'ils comprennent l'esprit qui est en moi.

 

© Greatjoy ‘Mothers love’ (2021) - Peinture à l'huile et fusain sur toile, 97 x 96 cm.



  1. Quand t'es tu penché sur l'art pour la première fois?

 

J'ai commencé à étudier l'art très jeune, à l'école primaire. L'art a toujours été une partie intégrale de ma vie, parce que quand j'étais à l'école, j'ai reçu beaucoup d'encouragements, en particulier de la part d'instituteurs et des membres de ma famille. J’ai fréquenté une école d'art, le lycée Cyrene dans le sud du Matabeleland, où il y avait des peintures murales, l'art était vraiment archivé dans l'école. Le missionnaire qui a fondé l’école prenait l'art sérieusement, et il avait ses propres fidèles qui créaient des miroirs, des chapelles etc. C'est là que j'ai commencé à dessiner et à peindre.

 

© Greatjoy ‘Nonkululeko’ (2021) - Peinture à l'huile, fusain et feuille d'or sur toile 100 x 80 cm.

 

  1. D'où vient ton inspiration?

 

Dans l'art contemporain, un corps de travail est inspiré par une certaine période, ce qui évolue au fur du temps. Je pense qu'il y a de la valeur dans le fait d'être aussi original que possible et de partager son histoire personnelle dans son travail. En ce moment, pendant cette pandémie, quelque chose que j'ai analysé et pris en compte est le concept de vulnérabilité, en tant que tel. Il a été omniprésent car la pandémie a pesé sur la vie de tellement de personnes, en particulier là où je suis, ici en Afrique du Sud. Il y eu beaucoup de pertes d'emploi et le concept de famille, le concept d'amour, on été très importants pour moi. Je pense que ce type de sujet est sous-estimé en général car nous avons tendance à se concentrer essentiellement sur des sujets compliqués au lieu de revenir à l'essentiel.

 

Je travaille actuellement sur un livre intitulé « Silent Knights in Scrub Suits » (« Les Chevaliers Silencieux en Armures Stériles ») qui porte sur l’importance des travailleurs de première nécessité. À cause du COVID, on commence seulement à comprendre et à percevoir à quel point ces personnes sont importantes comparées aux célébrités et musiciens qu’on glorifie dans nos vies quotidiennes.

 

Le studio de Greatjoy en Afrique du Sud, 2021

 

  1. Quels sont les artistes qui t’on inspiré?



Une des artistes qui m'a le plus inspiré est Jenny Saville, une artiste anglaise. J'aime la manière dont elle joue avec les concepts de féminité, d'anatomie, et la manière dont elle joue avec la peinture et le dessin. Parmi les artistes africains, j'aime beaucoup cet artiste du Matabeleland, ma province natale, qui s’appelle Owen Maseko. J’aime la manière dont il exprime les émotions, la manière dont il s'établi comme africain sans vergogne et raconte des histoires authentiques.

 

Saville’s ‘Volta’ (2020) 

‘Volta’ de Jenny Saville (2020) © Jenny Saville. Avec l’aimable autorisation de Gagosian

 

© Owen Maseko



  1. Y a-t-il une raison pour laquelle tes œuvres sont essentiellement figuratives?

 

Les mouvements et tendances artistiques ont toujours fluctué, depuis le début. Ce qui te démarque en tant qu'artiste, c'est le fait de suivre tes instincts et de poursuivre ce qui te stimule. J'ai toujours trouvé ça étrange qu'au sein de ma base de collecteurs, je m'en sors mieux avec les travaux figuratifs qu'avec les portraits. Je pense que la manière dont j'exprime les émotions et le mouvement dans mon travail est quelque chose d'intéressant aux yeux des spectateurs et du public artistique. D’une certaine manière, je suis un artiste figuratif à 85%, j'aime le style figuratif car les portraits ne représentent pas un grand challenge pour moi. Avec l’art figuratif cependant, tu fais face aux idées de posture, de proportion, de composition, de complexité, d'emphase, donc il y a beaucoup d'éléments attachés au produit final. Je me considère comme un expressionniste contemporain parce que je crée un mix de peinture expressionniste et de dessin.



© Greatjoy ‘Harmony’ (2021) - Peinture à l'huile et fusain sur toile, 111 x 105 cm.



  1. Ton travail figure dans de nombreuses collections privées et d’entreprise telles que celles du célèbre présentateur et comédien Trevor Noah,  de la banque ABSA, de South African Horizons, de Envisionit Capital Solutions, et autres... Penses-tu que ces collections et investisseurs ont un impact positif sur la perception de l’art contemporain africain à l’échelle mondiale?

 

Les marchés africains sont comme les marchés émergents à l'échelle mondiale. Je pense que l'idée d'avoir plusieurs collectifs qui collectionnent de l'art gagne du terrain dans d'autres marchés internationaux car ils identifient les artistes à suivre et à collectionner, et ceci aide vraiment les artistes. Les collections africaines sont le catalyseur pour une plus grande reconnaissance des artistes et ils commencent à attirer de l’attention à l’échelle globale.

 

Greatjoy dans son studio en Afrique du Sud, 2021



  1. Que penses-tu de Pavillon54?

 

Étant établi en ligne, je pense que Pavillon 54 va prendre de l'ampleur aux quatre coins du monde car ça crée de la visibilité pour tout le monde et pas seulement pour un groupe d'artistes et de clients en particulier. Il s'agit de créer des liens et de comprendre et partager des expériences, et de gagner de la reconnaissance dans la scène artistique mondiale, ce que tout artiste voudrait pour sa carrière. Je pense qu'il y a beaucoup à bénéficier de Pavillon 54, et beaucoup à considérer.

 

 

 

 

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